Sommaire

Chapitre 6. Troisième partie. Wu Xin

L'homme à l'écoute de son état et désirant trouver une explication aux processus qui se déroulent à l'intérieur de lui-même, a déjà découvert dans un passé éloigné que son corps commence à se sentir plus actif ou au contraire, plus passif en fonction de la direction cardinale vers laquelle il est orienté; son humeur change soudain ; une soif d'activité se déclenche ou une apathie le submerge. Dans toutes les écoles de Qi gong, on utilise cette particularité des flux énergétiques des points cardinaux, la variété de leurs vibrations et l'influence de leurs vibrations sur le corps de l'homme quand il prend la position adéquate, ou quand il combine les changements dynamiques d'une position vers l'autre (ill. 6.9). Les cinq directions principales, c’est-à-dire le Nord, le Sud, l'Ouest, l'Est et le Milieu, s'unissent au système wu xing des cinq éléments (Eau, Feu, Métal, Bois, et Terre) [1] et deviennent une des manifestations de ce système.

Les qualités des manifestations des courants énergétiques de chacune des directions sont diverses car ces courants sont influencés par le champ magnétique qui coule tout autour de la Terre du Nord au Sud ; par la rotation de vingt-quatre heures de la Terre autour du Soleil qui modifie l'angle d'attaque des rayons solaires sur la Terre, et par l'attraction de la Lune. La maîtrise de la perception de ces flux grandit à mesure que l'on travaille avec eux, tout comme le besoin de l'organisme pour l'un d’entre eux. Dans la théorie du Qi gong, on peut trouver une explication assez détaillée des diverses propriétés et manifestations de la matière, ainsi que des émotions, dans leur rapport avec les éléments, ainsi que leur interdépendance mutuelle.

 

 

ill. 6.9


Le schéma le plus répandu qu'on peut trouver dans la plupart des livres de Qi gong est celui d'un cercle qui contient une étoile à cinq branches (ill. 6.10).

ill. 6.10

 


Dans le travail pratique, pour accumuler l'énergie d'une direction précise, il faut accorder les centres énergétiques intérieurs à cette énergie, et cela peut se faire aussi en définissant et en analysant les sensations, les influences, les phénomènes, et, en les fixant dans l’attention, assister à leur renforcement et à leur développement. La transformation intérieure de l'énergie du corps de l'homme, de la plus grossière - Jing (sexuelle) - à la plus fine (subtile) - Shen (spirituelle) - à travers les modifications de l'énergie Qi peut s’observer aussi selon le schéma de wu xing.

Il est important de se rappeler que le travail énergétique avec une direction précise provoque une transformation substantielle des corrélations et des processus internes. Dans les enchaînements présentés dans notre livre, ce travail avec les directions est une partie inaliénable et la partie la plus importante du processus de régulation énergétique. Au fur et à mesure de l'assimilation de n'importe quel tao (suite de mouvements unis par un dessein commun) dans la biomécanique, on peut et l'on doit porter plus d'attention à l'analyse de l'influence des courants énergétiques extérieurs sur l'énergie intérieure, développer une acuité des sensations liées à cette interaction. Ce travail doit être basé sur une bonne compréhension théorique, sur un savoir-faire, pour diriger concrètement le cycle de transformation de l'énergie intérieure selon le schéma wu xing.

Quant au cycle de travail énergétique de l'organisme humain qui est de vingt-quatre heures, il est d'usage d'utiliser l'énergie orientale (de l'Est) tôt le matin, au lever du Soleil, afin d’activer les processus et les fonctions du système nerveux ; le midi - l'énergie du Sud pour son influence sur le métabolisme pour renforcer la dissimilation (le processus d'homéostasie) ; au coucher du Soleil, le soir - l'énergie de l'Ouest pour la sédation psychique et la décontraction du système nerveux ; à minuit - l'énergie du Nord pour renforcer l'assimilation dans les processus d'échange de l'organisme, pour restaurer les différents tissus du corps.

On peut parler aussi de l'influence des divers courants énergétiques sur le tempérament de l'homme. L'école Zhen Pai classifiait en deux groupes les types du système nerveux de l'homme, selon la coïncidence de l'activation de la “ salle ” (zone) dominante avec la zone située sous et en avant de l'hypophyse ou avec la zone située au-dessus et en arrière de l'épiphyse. En d'autres termes, le premier type était appelé la joie supérieure et le deuxième type la lumière spirituelle. La primauté de l’activation d’une de ces deux glandes sur l’autre déterminait le tempérament, le caractère et les actes de l'individu.

 

 

Le premier type regroupe les individus à dominante Yin chez lesquels prédomine la partie hypothalamo-hypophysaire du système endocrinien. Cette activité des glandes oblige le corps à accumuler de l'énergie le soir et la nuit, en provoquant en même temps l'activation de l'organisme. Ce sont les “ chouettes ” qui préfèrent agir avec un but précis, et qui se distinguent par la constance des buts fixés et par une obstination afin de les atteindre. Ils préfèrent la fraîcheur à la chaleur, la pénombre à la lumière. Le premier type regroupe des gens qui puisent l'énergie essentiellement dans les produits matériels.

Le deuxième type correspond aux individus à dominante Yang chez lesquels prédomine l'axe épiphyse - thymus. Il pousse l'organisme à accumuler de l'énergie le matin et pendant la journée, en provoquant l'activation de l'organisme. Ce sont les “ alouettes ” qui fonctionnent impétueusement, et aspirent à en faire le plus possible pendant l'inspiration, phase qui peut être suivie par une longue période de baisse d'activité/inspiration. Les gens du deuxième type dépendent de l'énergie des flux du Cosmos, de leurs combinaisons et de leurs pulsations.

Les types de caractère à l'état pur sont très rares. On trouve en général une combinaison de traits psychiques dans diverses proportions. En modulant l'activité des glandes du système endocrinien, il est possible d'influencer son propre caractère ou le caractère d'une autre personne. On peut dire que c'est un des buts de l'autorégulation. En cas de nécessité d'un effort constant et dirigé, ou d'un besoin de plus de stabilité, il faut travailler davantage avec l'énergie yin et avec la première partie du système endocrinien. S'il faut plus de fantaisie créatrice, plus d'insouciance, il faut alors se concentrer sur l’énergie yang et sur la deuxième partie du système endocrinien.

Cette influence de l'énergie sur l'homme a une multitude de nuances qui dépendent du processus concret du travail du système endocrinien de chaque organisme, en rapport avec l’abondance ou l'insuffisance de la production d'hormones par chaque glande yang ou yin du système endocrinien. La prédominance de quelque hormone influence tout de suite les autres glandes, en les obligeant à une activité ou à une passivité en retour. Le chaînon central qui régit la proportion des parties yin et yang du système endocrinien est respectivement la zone hypothalamo-hypophysaire et la zone de l'épiphyse. Elles dominent leur partie du système endocrinien qui se trouve dans un équilibre instable, qui vibre constamment. Une telle “ neutralité armée ” se maintient aussi dans les autres chaînons de la chaîne.

Au moment de sa venue au monde, l’homme est ouvert à toutes les influences énergétiques des flux du Cosmos, il puise l'information de la noosphère qui entoure la Terre. Il y est aidé par l'activité et la prédominance de la partie yang du système endocrinien, et avant tout, par l'activité de l'épiphyse, du thymus et de la glande du coccyx. Dans le processus d'adaptation aux conditions de la vie, au niveau de l'organisme, les structures de réception de l'information perdent de leur finesse, et cela correspond au passage d’activité des structures cosmiques yang vers les structures terrestres yin, l'appendice et les ganglions abdominaux du système. L'épiphyse perd sa capacité principale d'être le lien avec le Cosmos et devient un simple régulateur des rythmes circadiens de l'organisme, pendant que le système hypothalo-hypophysaire dirige la croissance de l'organisme, joue un rôle central au niveau du système neurovégétatif, et gère de telles sensations comme la faim, la soif, les plaisirs, la régulation thermique etc., mentionnons aussi qu'il est encore lié directement au thalamus c’est-à-dire au centre des systèmes sensoriels. L'enfant commence à voir, entendre, parler, et tout cela est le résultat de la transmission du développement prioritaire au chaînon yin. Au fur et à mesure du développement et de la maturation de l'organisme, le tissu du thymus dégénère peu à peu et se transforme en tissu cellulaire graisseux ; et le thymus devient à son tour un appendice inutile dans sa fonction principale qui est de distribuer l'information du Cosmos dans les zones périphériques du corps.

Avec le développement des signes sexuels, l'organisme relègue également la glande du coccyx au rang d'un rudiment qui ne joue plus maintenant aucun rôle. La même chose se produit avec l'appendice qui transmet ses fonctions aux glandes surrénales. On peut dire que l'hormone est un stimulateur pour l'assimilation de n'importe quelle information du monde extérieur par les principaux centres intérieurs de l'organisme, un catalyseur pour les membranes des cellules qui réagissent spécifiquement aux influences précises des ondes de l'extérieur [2].

Les multiples possibilités de rapports hormonaux (ou dosage entre les glandes) dans chaque cas particulier, reflètent l'orientation de l'individu quant à ses moyens de réaction yang et yin, face aux irritants extérieurs. On peut observer l’influence de la personnalité sur le système endocrinien avec un exemple très simple de situation, à laquelle se heurte chaque homme pratiquement chaque jour. L'épiphyse, un des deux chaînons principaux de la chaîne du système endocrinien, fabrique deux hormones principales - la sérotonine sécrétée par la glande en réaction à la lumière, et la mélatonine sécrétée en l'absence de toute influence lumineuse sur l'homme. La sérotonine influe plus “ durement ” sur la partie yin du système endocrinien, en réprimant l'hypothalamus, l'hypophyse (excepté la partie antérieure), la thyroïde, le système des nerfs, les glandes sexuelles. La mélatonine agit beaucoup plus doucement, sans réprimer les processus principaux dans les glandes yin.

L'exposition consciente du corps et, tout particulièrement celle des yeux, à l’influence de la lumière solaire rend le corps plus yang dans tous les systèmes. L’homme devient plus énergétique, son corps fonctionne plus activement, il choisit les variantes de situations plus décisives. Si la nature de l’homme est trop excitable, exaltée, si son système nerveux est trop vulnérable, alors il peut, en limitant l’influence de la lumière sur son cerveau, ses yeux, calmer les processus internes.

L'insuffisance de lumière naturelle chez l'homme civilisé qui passe une grande partie de sa vie dans les bureaux, provoque un déficit de sérotonine dans l'organisme, et le dépérissement accéléré des fonctions de la partie yang de son système endocrinien. En conséquence, les glandes yin deviennent hyperactives rendant l'homme irritable, indolent, se fatiguant vite, apathique, mou. Les processus d'échange sont déséquilibrés, un dépôt du calcium se produit tout particulièrement dans l'aorte et les reins.

Le rapport quantitatif entre la noradrénaline (l'hormone de la glande surrénale) et la sérotonine influence la fonction de l'hypothalamus qui agit sur la partie antérieure de l'hypophyse, qui, à son tour, secrète une hormone de croissance, stimule la synthèse de l'albumine dans les cellules et règle les fonctions de la thyroïde. Une quantité insuffisante de sérotonine déséquilibre la corrélation informationnelle et déforme l'équilibre initial des fonctions de l'organisme. Toute la chaîne de dépendance les unes des autres des glandes du système endocrinien se rompt, et de nouvelles corrélations se forment influençant pernicieusement l'état de l'organisme.

L'activité énergétique liée à l'influence des flux des points cardinaux peut corriger, renforcer les processus nécessaires à l'organisme, les processus de n'importe quel système intérieur, développer de nouvelles corrélations, conduisant vers la santé et vers un bon état général. Certes, il faut bien connaître le mécanisme des corrélations des systèmes intérieurs de l'organisme entre eux, et la façon dont leurs chaînons sont influencés par les courants énergétiques extérieurs.

Une telle revue en détail n'est pas le but de notre livre, nous voulons simplement évoquer l'existence d'une telle possibilité, et nous espérons dans l'avenir partager avec nos lecteurs cette analyse détaillée, augmentée de recommandations pratiques. Dans ce livre que nous présentons à votre attention, tous les tao (enchaînements) prennent en compte les possibilités de réguler l'homéostasie à un niveau spontané, inconscient, conscient, ou analytique. La qualité la plus précieuse de ces anciennes Perles du Qi gong réside dans le fait que quelle que soit la manière d’exécuter les enchaîne­ments, si l’on observe les quelques recommandations qui aident à pénétrer leur essence, il n'y aura jamais d'action négative sur l'organisme, il est impossible d'empêcher le rétablissement, le rajeunissement du corps dans son ensemble et de ses systèmes intérieurs en particulier. Nous recommandons encore une fois de vous reporter au tableau des manifestations des éléments et d'analyser leurs corrélations.




[1]  les membranes des cellules peuvent réagir à l’influence extérieure ou l’ignorer ; elles peuvent accélérer ou ralentir les processus à l’intérieur des cellules ; et jouent un rôle dans la division des cellules.



[2] Le système des cinq élements est appelé aussi “Théorie des cinq mouvements”

 

 

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