Premier Pas II

 

 

 

Une seule possibilité en vue.

Déposer tous les masques et voir son vrai visage.

Il devient alors possible de reprendre son rythme de vie.

De laisser par-delà le mur la course folle, d’oublier son métier d’acteur.

D’abandonner à un monde d’étrangers et de déments les angles aigus et les virages perfides,

la constance de l’effort et l’attente de la catastrophe.

Là où règnent sérénité et confiance, douce chaleur et confort intime -

Là est ma famille.

 

 

L’explosion...

La lumière aveuglante et implacable ; la vague de chaleur et de douleur qui jaillit vers le haut et transperce tout le corps; le vagissement assourdissant qui s’échappe, comme tu peux le constater, de ta propre gorge. Tu peux accepter les félicitations - tu es présent quand s’ouvre le rideau du théâtre de ta vie.

Au cours de l’évolution de la maîtrise de ton jeu de scène, tu vas passer par différents rôles: tour à tour spectateur chicanier et capricieux ; du réalisateur rêveur et poétique; de l’explorateur curieux et investigateur ; de l’amant romantique et impétueux ; de l’espion cynique et calculateur ; du carriériste rationnel et sans pitié ; de l’avare qui surveille son trésor - et pour terminer: ton dernier rôle de malchanceux découragé, irrité et quasiment impitoyable qui, d’une main légère et méchante, vas tirer le rideau du théâtre pour toujours. Ce rideau va le couper du monde humain, toujours si turbulent et remuant, si stupide et décourageant par son imprévisibilité surprenante.

« Qu’est-ce que notre vie ? - Un jeu ! » - pendant l’adolescence, un souffleur génial tente de nous suggérer une réplique supplémentaire, capable d’aider notre conscience à mieux affronter les situations proposées par la vie.

« La vie est un jeu ! » - nous utilisons cette phrase laconique au cours de nos tentatives pour réaliser notre carrière, notre vie privée et notre cocon familial.

Et ensuite vient un silence éloquent - lourd de sens, chargé d’une tristesse et d’un mépris que viennent souligner les coins de la bouche abaissés exprimant le désenchantement, les mâchoires serrées jusqu’à la crispation et les yeux pochés, irrités, gonflés - il profère d’une voix forte : « Mais est-ce que c’est ça, la vie ?».

En vérité, pas un seul acteur ne supportera cette tension colossale s’il ne possède sa loge privée où il peut enlever le masque, se démaquiller, changer de costume, juste parfois fermer les yeux, se décontracter et échapper, comme par hasard, à toutes les lois et à toutes les conditions prescrites par le théâtre de la vie.

Ce coin d’intimité et d’honnêteté avec soi même ne peut exister que dans la famille.

Le sens et le degré de l’importance de mot « famille » se traduit dans la langue russe par « sem-ya » (famille= sept moi, sem= sept et ya = moi).

La création et la formation de la famille en Feng Shui est le thème le plus important, mais le moins exploré. C’est l’art de la construction de la famille, du nid où l’on se sent en sécurité, où l’on donne la vie, le bien-être et la bienveillance aux enfants.

 

Cet art était très important quand les liens à l’intérieur de la famille ou du clan définissaient la force, l’influence familiale sur toutes les facettes de la vie humaine.

Ce n’est que le 20ème siècle qui a affaibli et même discrédité les relation familiales en posant une bombe à retardement comme les complexes des enfants envers leurs parents, étudiés par la psychanalyse, comme les restrictions sexuelles vécues pendant l’enfance, comme la durée de l’allaitement, la pratique de l’accouchement, le développement in utéro et tant d’autres choses...

Dans les relations entre les parents et les enfants il y a une tendance à comptabiliser et à mesurer: à qui et combien on a donné et combien doit-on encore.

En Chine il est interdit maintenant d’avoir plus d’un enfant, c’est-à-dire que la loi interdit de créer une vraie famille où l’art de Feng Shui puisse jouer un rôle primordial. Les autres peuples asiatiques sont sous le choc de la pression exercée par la culture occidentale, avec d’autres modes de réflexion, et de nouvelles technologies. La jeunesse ne s’intéresse plus à ses propres traditions qui étaient fondamentales pour les milliers de générations précédentes. Il est maintenant très difficile de trouver des informations sur les principes de création de la famille avec toutes les nuances des particularités énergétiques de chaque membre, et l’influence familiale qui doit être plus bénéfique que destructrice.

Les principes du Feng Shui permettent de créer une famille unie comme une grappe de raisin où chaque fruit a sa propre place.

Le caractère et la nature de chaque enfant complètent ceux de ses parents et s’enrichissent à leur contact. Dans cette famille les conflits n’existent pas, tous les problèmes sont résolus grâce aux réflexions, aux discussions et grâce à la recherche de la solution qui convient le mieux aux intérêts communs et qui est acceptée par chaque membre de la famille comme la plus valable.

Une telle famille est forte et stable comme un rocher. Le créateur de ce bateau familial pense au bonheur de ses enfants, et les élève dans le respect des traditions du Feng Shui. Cette tâche difficile demande une discipline interne, le sens de la responsabilité devant la famille qui fait confiance. Il faut également bien comprendre son propre caractère, ses points forts et ses points faibles.

Nous recherchons notre chemin de vie, la personne avec qui nous espérons la partager et créer une famille heureuse, mais très souvent nos bonnes intentions et nos décisions éclatent en morceaux.

Nous oublions nos intentions etnos décisionsprécédentes. La tête affolée, nous nous jetons aux pieds de celle, l’unique qui a submergé notre cœur d’une fièvre brûlante d’amour, celle qui a ébloui nos yeux et notre conscience et nous a transformé en agneau soumis ou plutôt en porcelet qui grogne joyeusement et qui frotte avec grand plaisir son ventre et son groin rose contre le pied posé avec indulgence.

Après deux ou trois semaines, nous sommes dégrisés de cette passion animale, nous sentons un froid dévastateur à l’intérieur de nous, une lourdeur et une faiblesse dans tout notre corps. Et c’est avec horreur que nous réalisons que nous partageons nos zézaiements avec un requin calculateur ou avec une femelle crocodile, canaille et méchante ou, encore mieux, avec une « veuve noire » qui suce les restes de notre énergie. L’écume de notre passion animale commence à se dissiper en révélant à notre esprit éméché tout le déplaisir de partager la vie pendant plusieurs décennies avec quelque nature étrangère, belle de l’extérieur, vide à l’intérieur.

On peut envisager une autre solution reflétée dans le proverbe: « L’amour est cruel - on peut même aimer un chameau ». Après les noces ou, comme on dit en Russie, « le mois de miel », « le mois rose » ou « le mois tout sucre et tout miel », la jeune femme ressent en elle le germe du premier enfant mais, à côté d’elle, elle aperçoit un mari mufle, ivrogne, débauché et sadique, bref, un « bouc ». Sa vie et ses rêves sont détruits et il est bien difficile de revenir en arrière.

 

Après cet orage hormonal, on retrouve à l’intérieur de soi des fragments de sentiment carbonisés, qui ont assombri pour toujours l’espoir du bonheur, on retrouve l’arrière-goût amer de la colère contre notre destin.

 

 

 

  • Aucune étiquette