Message-ID: <931048040.1171.1711620176371.JavaMail.confluence@qigong-zhen-pai.com> Subject: Exported From Confluence MIME-Version: 1.0 Content-Type: multipart/related; boundary="----=_Part_1170_599439331.1711620176371" ------=_Part_1170_599439331.1711620176371 Content-Type: text/html; charset=UTF-8 Content-Transfer-Encoding: quoted-printable Content-Location: file:///C:/exported.html 13.=09Le plongeon dans la vie .

13.=09Le plongeon dans la vie .

La majeure partie de la journée s'écoula comme de = coutume dans un remue-ménage débordant, bien remplie par les = tâches quotidiennes. Tout autour de moi des gens bougeaient et parlai= ent - il se passait quelque chose... Je faisais machinalement ce qu'on me d= emandait de faire, j'allais là où l'on m'indiquait d'aller, m= ais j'étais toujours sous le coup de la stupeur provoquée par= la force et la profondeur des sentiments que j'avais éprouvé= s à l'aube. Une partie de moi aspirait à découvrir le = chemin qui menait au monde merveilleux du bonheur - elle voulait revivre se= s sensations hors du commun et se dissoudre dans son courant de béat= itude.

La journée printanière tirait à sa fin, le soleil e= ffleurait presque les cimes de la montagne voisine, lorsque le doyen fit so= n apparition ; il me prit par la main et, sans rien dire, me conduisit &agr= ave; l'intérieur des galeries du monastère.

Je me traînais docilement sur les pas de mon maître, - une p= artie de moi s'étonnait de mon indifférence, tandis que l'aut= re continuait à s'accrocher aux sensations vécues ce matin, q= ui commençaient à se ternir.

 Nous voici arrivés dans la chambre du doyen... et là= , enfin, tout à coup, à la vue du ballon qui étincelai= t tout au fond, dans la pénombre, je me souvins de l'oiseau que j'av= ais sauvé et des évènements qui avaient suivi.

Je secouai ma torpeur pour m'éveiller tout à fait - ce fut= comme si je plongeais dans la chute d'eau glacée de quelque cascade= : la langueur et la somnolence s'évaporèrent, soudain ma con= science se dégagea et sans plus  tarder, ma curiosité et= mon attention habituelles reprirent leur place!

Le doyen s'approcha du ballon, plaça au dessus de lui ses paumes = ouvertes et se mit à en changer la composition énergét= ique. La couleur du ballon se modifia, passa du rouge framboise au violet, = puis au jaune, au vert et enfin au bleu clair. Une fois cette couleur obten= ue, mon maître se tourna vers moi et m'ordonna de poursuivre ce trava= il à sa place.

Je respirai profondément, je décontractai les muscles de m= es bras et de ma cage thoracique et je m=E2=80=99approchai du ballon sur le= quel je posai les paumes. Comme toujours lorsqu=E2=80=99on travaille avec l= =E2=80=99énergie, il faut d=E2=80=99abord se mettre en phase avec le= s sensations du courant avec lequel on va entrer en contact. A cette fin je= trouvai d=E2=80=99abord ses marques premières ; ensuite, je d&eacut= e;chiffrai ses qualités fondamentales et enfin, je recherchai ses pr= opriétés complémentaires cachées - celles qui p= ortent la marque des qualités uniques déposées par une= personne donnée.

Après avoir absorbé toute la diversité de ces sensa= tions - ce qui m=E2=80=99éclaira sur la direction du travail effectu= é par le doyen - je me mis à étudier les proprié= ;tés énergétiques de l=E2=80=99oiseau qui se tenait to= ujours immobile au centre. Je vérifiai l'état des processus d= ans son corps, puis j'essayai de ressentir son état d'esprit. C'est = alors que mon maître se mit debout de l'autre côté du ba= llon et posa ses paumes sur les miennes.

Un flot de picotements jaillit dans mes mains et se propagea vers le hau= t, dans mon corps, dans ma tête. Dans mes yeux, tout s=E2=80=99assomb= rit... le crépitement bien connu se fit entendre dans mon crân= e... je perdis à nouveau la perception de mon corps, pour me retrouv= er enveloppé d'un épais voile de ténèbres...

Bercé par la tranquillité qui m'enveloppait, je barbotais = sans but dans un milieu agréable pendant que les murs gris clair des= minuscules palais qui naissaient des lambeaux d'un épais brouillard= prenaient progressivement forme... leurs contours apparaissaient de plus e= n plus nettement.

Tel un gigantesque oiseau, je planais au dessus d'un monde inconnu, je d= iscernais des détails de plus en plus précis de la vie qui s'= y déroulait. Et à nouveau, je pus voir des routes, des voyage= urs qui se pressaient, d'étranges plantes. Le monde vivait et respir= ait la sévérité, l'ordre, l'organisation, le dé= tachement.

Les élégantes silhouettes bien effilées des palais = se gonflaient périodiquement pour expirer ensuite avec soulagement d= es vagues de vie argentées dans le monde environnant. Les plantes se= balançaient au rythme des rouleaux qui déferlaient sur elles= en repoussant dans tous les sens leurs minuscules branches. L'état = de tension que j'avais ressenti il n'y a pas si longtemps avait laiss&eacut= e; ses traces dans toutes les parties de ma vie- il paralysait ma conscienc= e et ma vie. Les murs qui entouraient mon existence me comprimaient doulour= eusement et me serraient impitoyablement.

Quelque part, tout au fond de moi, dans de secrets replis, subsistaient = encore les éclats de glace du souffle de la mort. Mon monde s'&eacut= e;tait presque éteint et à présent, il s'efforç= ait en gémissant de retrouver la  confortable chaleur de la vie= qu'il avait égarée on ne sait où.

Je ne sais ni où je suis, ni pourquoi je suis ici... Pour quelle = raison la mort a-elle si rapidement quitté ma conscience pourtant pr= ête à la recevoir? Peut-être qu'elle se joue tout simple= ment de moi ou qu'elle a été sollicitée par quelque ch= ose de plus urgent... Peut-être reviendra-t-elle plus tard lorsqu'&ag= rave; nouveau je ne serai plus du tout prêt à l'accueillir?&nb= sp; Quoiqu'il en soit, je dispose maintenant d'assez de forces afin de pour= suivre mon combat pour la vie en essayant de bien discerner ce qui m'entour= e et en brisant l'étau étouffant du désespoir...

Une explosion de douleur se propagea à travers toutes les parties= de mon corps - elle extirpa impitoyablement du plus profond de chacun de m= es organes un noyau caché et arracha un cri sourd à ma gorge = desséchée.

Mon maître est là - il me regarde dans les yeux, attentivem= ent, avec sévérité.  "Comment te sens-tu ? T= u n'es pas trop fatigué?

J'ai interrompu ton passage dans le corps du gerfaut afin que tu apprenn= es à garder le fil qui te relie à ton corps réel. A ch= aque fois que tu plonges dans la nature profonde d'un autre être viva= nt, que ce soit un arbre ou un oiseau ou quoi que ce soit d'autre, apprends= à retenir un petit flotteur d'attention dans ton corps réel.= Ainsi tu le dégageras de la peur inutile de rester vide pour toujou= rs et tu te donneras la possibilité de contrôler aussi bien l'= état de ton énergie interne que celui de l'énergie env= ironnante. Il est essentiel de ne permettre à personne d'attraper un= corps qui serait resté, même un bref instant, sans propri&eac= ute;taire.

Comme tu peux maintenant le comprendre, les passages s'accompagnent touj= ours des affres de désespoir du corps qu'on a abandonné, ne s= erait-ce que pour un temps. Par contre, le corps dans lequel s'introduit ta= nature profonde éprouve un afflux de forces, d'espoirs et de joies.= "

M'éveillant de ma torpeur, je demandai à mon maître = :"Maître! Mais tu  m'avais enseigné, me semble-t-il,= que tout sujet qui subit une tentative d'intrusion de la part d'un autre, = extérieur à lui, l'éprouve comme une attaque et s'y op= pose de toutes ses forces. Alors que là, je n'ai senti qu'acceptatio= n et collaboration de sa part."      &nb= sp;             = ;            &n= bsp;            = ;         

"Voilà bien la question! En ce qui concerne les cas que nous= avions évoqués auparavant, je t'avais parlé d'un intr= us qui expulserait le propriétaire hors de son corps. Alors que dans= le cas présent toi et moi apprenons le moyen de nous unir seulement= avec treize minuscules secteurs du corps, sans nuire à son propri&e= acute;taire, ni le contraindre. Ce dernier conserve son intégrit&eac= ute; et donne son accord pour collaborer avec sa partie forte qu'il d&eacut= e;couvre d'une façon inattendue.

Ton corps d'origine va progressivement s'habituer à ces exp&eacut= e;ditions et elles lui deviendront moins insupportables, mais essaye tout d= e même de ne pas mettre sa patience trop à l'épreuve. T= on absence lui causera toujours la peur de rester sans âme, c'est &ag= rave; dire sans but. Un corps qui reste sans âme est comme une coquil= le vide, personne n'a besoin de lui et il est condamné à une = mort rapide. C'est pourquoi, tant que tu n'auras pas décidé d= e quitter ton corps pour toujours, afin de passer dans un autre auquel tu a= uras accordé ta préférence, tu devras toujours conserv= er ce lien énergétique avec lui.

Et maintenant asseyons nous, car mes jambes refusent de me tenir debout = plus longtemps! "

Sur ces mots, il m'indiqua une place près de la sortie et lui-m&e= circ;me s'installa par terre à côté de l'oiseau silenci= eux.

"Ce n'est pas un hasard si ce malheureux est arrivé dans not= re vie. Il va contribuer à ton apprentissage des principes de transf= ormation du Tao dans le monde des animaux, et toi tu le paieras en retour e= n lui offrant la possibilité de voir par tes yeux. 

A présent, accomplis-donc l'exercice de l=E2=80=99" Aigle qu= i plane" pour restaurer tes forces, puis nous essayerons d'effectuer u= ne fois encore le passage dans le corps du gerfaut, mais cette fois-ci je n= e t'apporterai pas mon soutien. Les centres de ta nature sont à pr&e= acute;sent suffisamment actifs, il n'est donc plus difficile de les trouver= et de les réunir en une seule entité. Qui plus est, il te fa= udra répondre par toi-même de tes erreurs au cas où tu = en pondrais de belles! »

Il émit un petit rire de satisfaction, ferma les yeux et se mit &= agrave; somnoler - du moins en eut-il tout l=E2=80=98air!

Quant à moi, je commençai à activer les ongles de m= es doigts et à répandre par les faces externes de mes mains j= usqu=E2=80=99à mes épaules le courant d=E2=80=99énergi= e qui s=E2=80=99y accroissait. Lorsque la couche énergétique = devint suffisamment épaisse et dense, je dirigeai cette couverture v= ibrante vers ma colonne vertébrale en enveloppant au passage les omo= plates ; ensuite, je me mis à aspirer l=E2=80=99énergie du ba= s, du ventre d=E2=80=99abord, puis des jambes. Lorsque ces deux parties fur= ent vidées, je poursuivis le travail en aspirant les forces de la Te= rre dans les couches profondes des versants montagneux auxquels étai= t collé notre monastère. Cet exercice porte fort justement le= nom d=E2=80=99 « Aigle qui plane » - en effet, = lorsque tu déploies de plus en plus largement les ailes énerg= étiques des bras, tu te mets à planer dans les courants ascen= dants de la Terre qui te remplissent de sa force.

Une voix puissante et sévère résonna soudain &agrav= e; mes oreilles et me fit tressaillir : « Tu es distrait, tu ne = contrôles plus en profondeur le nettoyage de ton corps et tu n=E2=80= =99as pas assez activé le corps et la queue de l=E2=80=99aigle.

Aie, aie, aie, Lian! Tu plonges sans cesse dans ton monde imaginaire, av= ant même d=E2=80=99avoir terminé le travail en cours! C=E2=80= =99est très dangereux! Il  pourrait parfaitement arriver que, t= out à tes rêveries, tu aies la certitude d=E2=80=99avoir accom= pli toutes les parties indispensables du rituel -  tu t'exposes alors = au risque d=E2=80=99être pris au piège de ta propre distractio= n!

Afin de mieux te souvenir de ce que je viens de dire, effectue donc &agr= ave; présent l=E2=80=99enchaînement du « Martinet q= ui poursuit une abeille », ensuite celui de l=E2=80=99  &la= quo; Aigle qui transperce un nuage » et pour finir, celui d= u « Vieux taoïste qui fait des avances à une jeune f= ille ».

Ce dernier exercice m=E2=80=99apparaissait clairement être une pun= ition : toutes ces courbettes et ces gestes idiots qui imitaient un vieux d= ébauché, provoquaient à chaque fois en moi une vive pr= otestation intérieure. Sauf aux occasions où mon maître= lui-même les accomplissait! On pouvait alors se rouler de rire et en= même temps, réaliser la perfidie et le caractère impr&= eacute;visible des attaques meurtrières sous le couvert de la gentil= lesse et de la gêne feinte.

Une fois achevées toutes les séquences de ces exercices ex= igeant de la souplesse, de la rapidité et de la coordination - toute= s choses difficiles à exécuter dans un espace minuscule, entr= e le bois de lit de mon maître et ses jambes étendues - mon co= rps était tout couvert de sueur et ma respiration, accél&eacu= te;rée.

" Bon, comme tu nous as déjà détraqu&eacu= te; tout l'ordre de notre travail avec ta distraction, il va falloir faire = une pause pour manger. Nous poursuivrons nos travaux plus tard."

Le doyen se remit lestement debout, me tapota l=E2=80=99épaule et= se mit en marche pour aller dehors. Je lui emboîtai le pas tout en l= ançant au gerfaut, en guise d=E2=80=99adieu, un ballon énerg&= eacute;tique.

 

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