Message-ID: <466663638.1248.1711713260070.JavaMail.confluence@qigong-zhen-pai.com> Subject: Exported From Confluence MIME-Version: 1.0 Content-Type: multipart/related; boundary="----=_Part_1247_39381902.1711713260069" ------=_Part_1247_39381902.1711713260069 Content-Type: text/html; charset=UTF-8 Content-Transfer-Encoding: quoted-printable Content-Location: file:///C:/exported.html 10.=09La situation s'=C3=A9claircit.

10.=09La situation s'=C3=A9claircit.

 Après avoir parcouru tous les coins et recoins du m= onastère, je finis par trouver le doyen Dè assis au centre de= la salle de méditation, dos à la porte. Je risquai un oeil &= agrave; l'intérieur de la pièce... il semblait dormir. Son me= nton reposait sur sa poitrine, son souffle était régulier et = paisible. Je le contournai discrètement pour venir me mettre devant = lui et je distinguai dans la pénombre ses yeux clos. Je décid= ai de ne pas déranger mon maître et d'attendre qu'il se r&eacu= te;veille. Au moment où je me préparais à m'asseoir, j= e tressaillis brusquement, surpris par sa main qui m'arrêtait et m'&e= acute;cartait sans ménagement sur le côté.

Mal à l'aise, je me figeai dans ma posture, ne sachant si je pouv= ais m'asseoir à la place qu'on m'indiquait ou si je devais continuer= à attendre debout... Ou bien peut-être ma présence g&e= circ;nait-elle son travail, au point qu'il vaudrait mieux quitter la salle?=

Mes doutes furent interrompus par un chuchotement sifflant : mon ma&icir= c;tre m'ordonnait de m'asseoir et d'attendre. Soulagé, je m'assis au= près de lui et me mis à attendre patiemment qu'il achè= ve son travail.

Au terme d'une durée à peu près égale &agrav= e; cent quatre vingt quatre battements de mon coeur, le doyen ouvrit les ye= ux, me regarda et sourit.

 

« Cette nuit nous avons eu l'honneur de recevoir la visite en= retour de toute ma famille en émoi. Même ma mère la ma= gicienne - qui, pour autant que je sache, n'avait jamais franchi les fronti= ères du territoire de son clan - nous a honorés de sa pr&eacu= te;sence. Voilà qui témoigne de l'incroyable importance que r= evêt à leurs yeux ce qui est en train de se passer!

Je m'attendais à ce que, fidèles à leurs agissement= s habituels par-delà les frontières de leur monde, ils se lan= cent dans une de leurs entreprises de type agressif ; mais ils s'en sont te= nus à un prudent sondage de la solidité de notre défen= se et à la présentation de ton lieu de résidence &agra= ve; leur pupille. Je les ai observés jusqu=E2=80=99à ce qu=E2= =80=99ils aient complètement disparu de notre monde... je m=E2=80=99= attendais à ce qu=E2=80=99ils posent quelque piège, quelque e= mbuscade, mais là encore - rien. Ils ont quitté ce monde auss= i prudemment qu=E2=80=99ils y avaient pénétré &ra= quo;.

 

Il secoua la tête en continuant à réfléchir, = et je profitai sur le champ de l=E2=80=99occasion pour placer une question = qui ne demandait qu=E2=80=99à sortir.

« Maître, si c=E2=80=99est possible, explique-moi plus = clairement ce qui se passe. Je sens que je pourrais comprendre, mais tout e= st tellement embrouillé!

Pourquoi me font-ils la chasse? Et d=E2=80=99où me vient donc ce = frère de l=E2=80=99autre monde, alors que je ne me souviens mê= me pas de mes parents ? ».

Le doyen secoua à nouveau la tête - était-ce un sign= e d'assentiment à ma question ou de désapprobation?

« Visiblement le temps semble venu de te raconter tout ce que= je sais. C=E2=80=99est peu de chose au regard de ce que j=E2=80=99aurais v= oulu pouvoir te transmettre, mais c=E2=80=99est suffisant pour apporter un = peu de lumière à ta compréhension de la situation.

J=E2=80=99essaierai de t=E2=80=99expliquer tout cela le plus simplement = possible, mais si quelque chose reste incompréhensible, pose-moi tou= t de suite la question pour ne pas perdre le fil de cette histoire embrouil= lée ».

Il se tut un court instant comme s=E2=80=99il s=E2=80=99enfonçait= dans des souvenirs pesants, puis se mit à parler lentement.

" C=E2=80=99est avec ma naissance dans le clan Dan que les probl&eg= rave;mes se sont mis à dégringoler sur les têtes des d&= eacute;mons. Comme me l'expliqua plus tard ma mère la magicienne, on= avait capturé peu de temps auparavant, dans le monde des dém= ons un "attrapeur" d'âmes très réputé = qui s'était infiltré depuis le monde de la lumière. Ce= la n'était pas si fréquent, aussi les démons dé= cidèrent-ils d'utiliser la force d'âme et la nature de leur pr= isonnier afin de le faire renaître en démon doté des m&= ecirc;mes qualités. Comme je te l'ai déjà racont&eacut= e;, un échange permanent d'êtres vivants est en cours entre le= monde des hommes et celui des démons, à travers les racines.=

Dans l'embryon du futur démon, on introduisit une partie de l'&ac= irc;me de  « l'attrapeur » et - fallut-il qu'il = en soit ainsi! - je suis devenu ce petit bout de rien du tout.

Dans leur aventure avec moi les démons ont délibér&= eacute;ment conservé, en proportions plus importantes que de coutume= , la nature particulière du malheureux, en "lui-me" laissa= nt même mon animal-compagnon de route.

Bien entendu, ils l'affaiblirent au préalable et cré&egrav= e;rent pour "lui-moi" un gardien complémentaire sous forme= d'un très puissant saurien. Les démons espéraient per= mettre ainsi aux deux gardiens issus de mondes différents de trouver= un compromis - il n'y avait pas d'autre issue possible puisqu'ils é= taient enfermés dans un seul et même corps!

Des expérimentations de ce genre avaient déjà exist= é par le passé, elles avaient donné des résulta= ts imprévisibles, et néanmoins très intéressant= s.

Mais voilà! Cette fois-ci tout est allé de travers - proba= blement du fait que "l'attrapeur" capturé avait, avec le m= onde des humains, des liens d'une force et d'une puissance exceptionnelles.= De quelle nature étaient-ils? je ne le sais pas au juste... Peut-&e= circ;tre s'agissait-il d'un amour passionnel, peut-être était-= il habité par un sens du devoir qui l'emportait sur= tout le reste, ou bien quelque autre chose encore... Toujours est-il que c= es liens étaient d'une force telle qu'ils ont pu permettre à = l'intrus, son compagnon de route, de garder intactes ses capacités, = et même de les cacher à la pointilleuse surveillance de sa m&e= grave;re la magicienne.

En grandissant, je devins le témoin des conflits entre mes gardie= ns - ils devenaient de plus en plus impitoyables. Je n=E2=80=99y comprenais= rien - j=E2=80=99étais écartelé en deux par des d&eac= ute;sirs et des agissements contradictoires.

Dans une famille de démons, on n=E2=80=99interdit rien à l= =E2=80=99enfant, mais on n=E2=80=99autorise rien non plus. Il doit dé= ;cider par lui-même de ce qu'il veut faire ou non, et des moyens &agr= ave; utiliser pour y arriver. Une telle liberté de choix peut semble= r très séduisante, mais soudain tu découvres que tout = ton entourage dispose du même privilège. Ton propre frè= re peut tenter de t=E2=80=99estropier, s=E2=80=99il considère que ta= conduite est offensante.

Dans mon cas, la situation était encore plus complexe. Deux ennem= is, enfermés dans une même cage, cherchaient sans trêve = la possibilité de se supprimer mutuellement. Tout au fond de moi bou= illonnait une haine envers moi-même, envers le monde environnant et e= nvers mon existence tout entière. Dans ces conditions, devenir adult= e se résuma pour moi à survivre dans une lutte permanente.

A l'issue de chacune de nos confrontations répétitives, ma= mère la magicienne nous réparait infatigablement - à = moi et mes frères et soeurs- nos bras, jambes et organes. Et quelque= fois même, elle devait nous ramener à la vie.

J'avais quatorze ans lorsque mon singe-gardien finit quand même pa= r supprimer le saurien, à l'issue d'une bagarre acharnée. La = force de l'explosion intérieure fut telle que je demeurai sans conna= issance pendant près d'un mois en dépit de toutes les tentati= ves que faisaient les membres de ma famille pour me ramener à moi...= et lorsqu' enfin je retrouvai ma faculté de penser,  je me d&e= acute;couvris entouré de mes ennemis jurés.

Je pris la fuite pour échapper au monde honni des tén&egra= ve;bres et retrouver celui des hommes : il m'appelait, il était cher= à mon coeur, et pourtant je ne savais rien de lui ! Sept anné= ;es durant, je m'en fus, errant de pays en pays, en quête de moi-m&ec= irc;me et des traces de ma vie passée dans ce monde, jusqu'à = ce que je rencontre enfin, loin d'ici, au Sud, dans les montagnes, un ermit= e.

Il guérit mon compagnon-gardien qui, m'apprit-il, avait ét= é sérieusement blessé et dont les souffrances m'envahi= ssaient également. L'ermite devint mon maître et partagea avec= moi sa Connaissance de la Voie. Il m'apprit à cultiver un lien amic= al avec mon gardien, m'expliqua les raisons de mon irrépressible pas= sion pour la quête et nous aida à retrouver la paix. Ainsi, tr= ente années durant, j'eus le bonheur de vivre à ses côt= és - j'avais trouvé en lui père et mère r&eacut= e;unis.

Lorsqu'il décida de quitter cette vie, voyant mon désespoi= r, il me laissa en cadeau une partie de son compagnon-gardien. Je porte en = moi, depuis lors, l'incarnation de cette parcelle de mon maître ch&eg= rave;re à mon coeur... Et voilà maintenant six passages succe= ssifs que je ne m'en sépare pas".

A ces mots, le doyen effleura avec tendresse le petit corps de Pik&egrav= e; qui dormait sur sa poitrine, sous sa robe, tout roul&ea= cute; en boule comme à son habitude.

« Les démons ne m=E2=80=99ont pas laissé en pai= x et de temps à autre ils ont essayé de me supprimer, mais pa= r chance ils ne sont toujours pas parvenu à leurs fins.

Après la mort de mon maître, j=E2=80=99ai continué &= agrave; voyager jusqu=E2=80=99à mon arrivée ici, au monast&eg= rave;re... ou plutôt aux ruines d'un ancien monastère, abandon= nées, oubliées des hommes, mais chargées de connaissan= ces énergétiques et de traditions - un panthéon de Ma&= icirc;tres y demeurait.

Je m'y installai et je me mis à restaurer le sanctuaire. Au fil d= u temps, d'autres frères se joignirent à moi et le travail av= ança alors beaucoup plus rapidement.

Mon cycle de transformation touche bientôt à son terme. Le = Tao me rappelle à lui de façon de plus en plus insistante. Il= faut croire que ma nature a exploité toutes les possibilités= de son séjour dans ce monde, pour ce passage-ci. Le temps est venu = pour moi de rejoindre à mon tour le Panthéon.

Mais je ne peux pas abandonner l'oeuvre de mon existence terrestre au bo= n vouloir du destin -ou plus exactement à sa mise en pièces p= ar les démons.

Car ils sont ainsi faits : pas un ne manque à l'appel lorsque se = présente l'opportunité de tout balayer... pas un seul qui n'a= dore ce doux breuvage! Après mon départ, il faut s'attendre &= agrave; de multiples tentatives d'anéantissement des traces de mon s= éjour terrestre. Voilà pourquoi un rude destin et une guerre = avec les ennemis du monde des ténèbres guettent mon hé= ritier.

Une fois que j'eus compris cela, je me mis à la recherche de mon = successeur parmi la seule catégorie de personnes qui dispose d'un r&= eacute;el avantage sur les démons - celle des "pèlerins = des étoiles".

Ce qui les distingue, c'est qu'au lieu d'avoir un unique compagnon-gardi= en attribué à la naissance, ils ont la possibilité d'e= n choisir un à leur convenance et d'en changer à tout moment.= Ils peuvent n'avoir aucun compagnon, mais ils sont capables de retenir &ag= rave; leur gré celui qui leur convient, quel qu'il soit. Et surtout,= ils possèdent la capacité particulièrement pré= cieuse de se déplacer dans les couches énergétiques o&= ugrave; demeurent les fantômes. Là-bas, ils peuvent se couler = d'une apparence à l'autre, par le biais des transformations é= nergétiques de leurs compagnons.

Et s=E2=80=99il passait par la tête de n'importe qui de se battre = contre un " pèlerin des étoiles", il se h= eurterait immanquablement à l=E2=80=99impossibilité de suppri= mer son gardien. En effet, celui-ci peut se déplacer aisément= d=E2=80=99un niveau à un autre, se transformer d=E2=80=99insecte en= mammifère, ou en serpent, ou encore en saurien, en esquivant l'atta= que frontale et en conservant sa force et son invulnérabilité= . L=E2=80=99attaquant,  quant à lui, n=E2=80=99a d=E2=80=99autr= e choix que de rester limité à la seule couche én= ergétique dont il dispose. C=E2=80=99est donc un combat dont l=E2=80= =99issue fatale est écrite d=E2=80=99avance.

Il y a très peu de ces pèlerins sur Terre et, heureusement= pour les autres hommes, ils sont totalement dénués de dessei= ns ambitieux ; ni le pouvoir, ni la course à la gloire ne les tenten= t. Ce sont des nomades - leurs pérégrinations de par le monde= ont pour seule fin de connaitre l=E2=80=99inconnaissable. Le choix d'une s= i noble tâche leur procure la garantie d=E2=80=99une quête sans= fin : la présence permanente d=E2=80=99une visée à la= hauteur de leurs ambitions les précède, où qu'ils ail= lent ".

Mon maître se tourna vers moi avec inquiétude : " La f= açon dont je t'explique tout cela n'est pas trop compliquée..= . et pourtant te voilà plongé dans le silence, même ton= corps énergétique est tout silencieux!".

Je me ranimai, secouai négativement la tête, puis à = nouveau, comme ensorcelé,  m'apprêtai à l'é= couter poursuivre son conte au sujet de ces curieux pèlerins.

Le doyen poursuivit : " Plusieurs années durant, je palpai &= eacute;nergétiquement les régions avoisinantes dans l'espoir = de dénicher un de ces êtres énigmatiques. Je suis tomb&= eacute; dessus par deux fois et je me suis lancé à leur reche= rche, mais hélas! je les découvris sous les apparences de v&e= acute;nérables vieillards.Une autre fois, je crus avoir de la chance= , mais je tombai sur un pèlerin qui avait adopté l'aspect d'u= ne femme : elle était entourée d'un tas d'enfants et avait po= ur compagnon un mari jaloux, exaspéré par les marques d'atten= tion que je lui prodiguais.

La quatrième fois, je sentis un pèlerin que je qualifiai d= e "scintillant" - tantôt il apparaissait, tantôt il d= isparaissait. Dès que je me dirigeais vers le lieu où sa pr&e= acute;sence énergétique était active, il se dissolvait= dans les formes énergétiques environnantes. Cela me donna de= l'entrain et excita beaucoup ma curiosité. Je me mis à sa po= ursuite de façon  systématique sans changer de place &ag= rave; chacune de ses disparitions.

Je passai de cette façon deux mois dans un périmètr= e qui se rétrécissait de semaine en semaine, après cha= cune de ses apparitions. A la fin, le  rayon de mes recherches diminua= au point que je me retrouvai pour ainsi dire nez à nez avec un peti= t gamin qui travaillait dans un champ de choux en chantonnant une naïv= e chansonnette d'enfant... N'ayant rien à faire - il s'amusait &agra= ve; revêtir sa nature d'un manteau énergétique de forme= s animales diverses et variées.

De ma vie, je n'avais vu rien de semblable. J'avais l'impression de me r= etrouver au sein d'une foule de créatures inhabituelles d'une infini= e variété... devant mes yeux apparaissait tantôt une pe= tite gueule au sourire malicieux, tantôt une autre, qui disparaissait= aussitôt sans laisser de traces pour faire place à celle qui = suivait.

Bon voilà, tu connais la suite...

Et maintenant, nous allons nous interrompre pour aller déjeuner c= ar ( et là, il me lança un regard malicieux) un appéti= ssant arôme de viande grillée est parvenu jusqu'à ton n= ez, et ton double est prêt à foncer à la cuisine. Quant= à notre conversation, nous la poursuivrons plus tard! ".

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